CAPSULE 7 : Comment faire une bonne introduction (4) L’introduction humoristique

En art oratoire comme dans toute chose, il est important de connaître ses forces et ses faiblesses. Le programme de formation Toastmasters a justement le mérite de nous aider à mettre en valeur nos forces et de nous permettre de travailler nos faiblesses. Si vous avez déjà de la facilité avec l’humour, alors sans doute que cette capsule ne fera que confirmer des habiletés et des intuitions que vous possédez déjà. Si par contre vous souhaitez développer vos habiletés à vous servir de l’humour dans vos discours, alors cette capsule pourra vous donner quelques pistes. Finalement, si vous n’êtes pas intéressé par l’art oratoire et qu’en plus vous n’avez aucun sens de l’humour, alors pourquoi diable êtes-vous en train de lire cette capsule?

L’humour a toujours été un moyen très efficace pour capter l’attention. En même temps, c’est un art qu’il faut savoir maîtriser correctement, car autant il peut nous être utile si nous savons nous en servir, autant il peut nous nuire si nous manquons d’assurance pour y avoir recours. Malheureusement, ce ne sont pas tous les orateurs qui sont habiles avec l’humour et qui se sentent à l’aise d’emprunter cette voie dès le début. Par contre, avec de la pratique et beaucoup de travail, on peut développer certaines habiletés. Si vous n’êtes pas certain d’avoir le sens de la répartie et la capacité de bien livrer un bon « punch », faites-vous la main en racontant d’abord des histoires humoristiques au début des rencontres. Mais pour ceux qui se sentent à l’aise et qui veulent relever le défi d’introduire un discours de manière humoristique, et bien, n’hésitez pas à plonger.

Quand doit-on se servir d’une introduction humoristique?

L’introduction humoristique n’est pas réservée uniquement aux discours humoristiques; elle peut très bien servir pour d’autres types de prise de parole. Dans le cahier du communicateur compétent, plusieurs projets se prêtent bien à ce type d’introduction. C’est le cas notamment des projets 5 à 10. Dans le projet 5 par exemple, où il faut développer ses capacités vocales, commencer un discours en racontant une blague en lien avec le sujet peut déjà nous donner des points auprès de notre évaluateur si nous prenons la peine de la raconter en variant notre voix en fonction des personnages et en jouant avec le débit et l’intonation. Pour chaque projet, on peut avoir recours à un style d’humour différent qui convient à la fois au sujet traité et aux objectifs à atteindre. Et bien sûr, il existe dans les cahiers de formation pour les communicateurs avancés plusieurs projets où l’humour a sa place.

Plus particulièrement, l’introduction humoristique peut servir lorsqu’on fait un discours persuasif, qui vise à convaincre l’auditoire de changer de comportement ou encore à adopter notre point de vue sur un sujet particulier. On peut ainsi raconter une blague où le sujet incarnera de manière caricaturale le comportement que nous voulons modifier chez l’auditoire. On peut également avoir recours à l’exagération, à l’ironie ou à l’autodérision. Lorsqu’on souhaite simplement informer notre auditoire sur un sujet qui nous intéresse, on peut alors raconter une anecdote humoristique en lien avec le sujet. Tout au long de notre discours, l’auditoire sera bombardé d’information. Si on le fait rire au début, non seulement on capte son attention, mais en plus crée une espèce de complicité avec lui. Les gens seront portés à être plus attentifs même si nous traitons d’un sujet difficile ou aride. Ça nous permet autrement dit de nous créer un capital de sympathie.

Dans ma capsule précédente, j’ai mentionné qu’on pouvait très bien faire une introduction dramatique à un discours humoristique. L’inverse est faux. On doit à tout prix éviter d’introduire en humour un sujet dramatique. Ça crée une impression de superficialité chez l’auditoire et ça peut lui faire croire que nous sommes désinvoltes et que nous sommes incapables de traiter d’un sujet en profondeur. Parsemer notre discours de quelques touches d’humour nous permet de faire baisser la tension ou de dédramatiser la situation, mais encore là, il faut savoir doser.

Quelques exemples

Introduction faite à partir d’une fausse citation et qui peut servir lors d’un brise-glace :

Mon grand-père était un sage. C’était un fermier qui ne connaissait rien à l’art oratoire. Bien sûr, il parlait à ses vaches en entrant dans l’étable, mais on ne peut pas vraiment dire que ça compte. Et pourtant, il m’a légué une perle de sagesse qui me sera grandement utile aujourd’hui. Un jour, il me dit : « Le petit, à défaut d’avoir du contenu, organise-toi au moins pour soigner ton contenant. » Mon miroir me révélant chaque jour la splendeur de mon contenant, j’espère, M. l’animateur, chers collègues et distingués invités, être en mesure de prendre la parole devant vous pour la première fois et vous livrer ce soir un certain contenu.

Introduction faite à partir d’une blague :

Mme l’animatrice, chers collègues et distingués invités, quel est selon vous le sport le plus fruité? La boxe bien sûr! C’est en effet le seul sport où l’on prend une pêche en pleine poire et où l’on tombe dans les pommes! Je sais que c’est difficile à croire, mais malgré le fait que le régime des boxeurs comprend entre autres beaucoup de fruits, il s’avère que la boxe peut être dangereuse pour la santé. Et oui, qui l’aurait cru! On ne sait jamais ce qui se passe vraiment dans le cerveau d’un boxeur qui a reçu plusieurs coups de poing à la tête. Et il ne faut pas compter sur moi pour aller le mettre au courant! Je ne suis peut-être pas brillant, mais je ne suis pas fou! À vous par contre je peux en parler et je peux vous mettre en garde sur les dangers à long terme de la boxe sur votre cerveau.

Introduction faite à partir d’une anecdote humoristique réelle ou fictive :

Je n’oublierai jamais le premier emploi sur lequel j’ai postulé : PDG aux USA! J’ai répondu aux offres d’emploi, j’ai envoyé mon curriculum vitae et une belle lettre de présentation qui faisaient ressortir toutes mes compétences en leadership. Contre toute attente, j’ai été convoqué pour l’entrevue. J’étais nerveux! Mais je pense que j’ai fait bonne impression parce que deux semaines plus tard on m’a rappelé pour me dire que j’avais eu le poste. J’étais tellement fier. Mes parents aussi. Pour eux, ils ne pouvaient pas souhaiter mieux pour leur fils. Imaginez : PDG aux USA : Préposé à la Désinfection et à la Gérance aux Urinoirs Saint-Alphonse!1 J’ai eu par la suite à postuler sur bien d’autres emplois, et c’est pour cette raison, M. l’animateur, chers collègues et distingués invités, que j’aimerais vous partager ce soir mes trucs personnels pour réussir à faire bonne figure lors d’une entrevue d’embauche.

Bon, allez. Fini la rigolade! On se dit à la prochaine et surtout rappelez-vous que l’humour, c’est très sérieux.

Robin Plourde, ACB
Club Olympia